Mouvement des non-alignés : Bouteflika plaide pour un nouvel ordre mondial
Dans son allocution devant les dirigeants des pays alignés (MNA), présents au 15ème sommet de Charm Cheikh (Egypte), le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a plaidé pour que le MNA soit une avant-garde de la promotion d’un nouvel ordre international «porteur d’un multilatéralisme novateur, fait d’ouverture réciproque, de compréhension mutuelle et de solidarité active». «En ces temps manifestement difficiles, où les doutes et les désillusions continuent de contrarier la quête des idéaux de paix et de développement, le Mouvement des non-alignés se doit de rester à l’avant-garde de la promotion d’un nouvel ordre international, porteur d’un multilatéralisme novateur», a affirmé le chef de l’Etat.
Dans son énoncé, Abdelaziz Bouteflika a mis en avant les «évolutions remarquables» réalisées par le Mouvement, ces dernières années, en réitérant l’assurance de l’Algérie, «dont le non-alignement constitue un élément fondateur de sa politique étrangère», à «assumer pleinement le rôle qui lui revient et la part de responsabilité qui lui incombe pour relever les immenses défis auxquels nous faisons face». L’Algérie, a-t-il dit, «qui a toujours cru en la pertinence du rôle joué par le Mouvement des non-alignés, se réjouit naturellement de le voir, aujourd’hui, particulièrement engagé dans sa double vocation de concertation et de solidarité et toujours porteur de nos aspirations communes à l’avènement d’un monde meilleur». «Elle se réjouit également de voir ses rangs davantage renforcés et la participation à ses rencontres sollicitée, comme en témoigne le nombre de plus en plus important de pays et d’organisations qui assistent, en qualité d’observateurs, à nos travaux», a-t-il ajouté.
Pour le chef de l’Etat, cette crédibilité affirmée, le Mouvement des non-alignés «le doit tout à la fois à la générosité de son message, à la justesse de ses positions et à la légitimité de ses revendications». «C’est pourquoi, fort de cette conviction, notre mouvement, qui a récusé, hier, les antagonismes idéologiques, la logique de la confrontation et des alliances militaires, dénonce, aujourd’hui, le désordre et les inégalités qui caractérisent le système international», a-t-il relevé.
Le président Bouteflika a précisé, à ce propos, que les positions du Mouvement des non-alignés «sont dictées par le souci primordial de préserver la paix et la sécurité internationales, comme elles sont mues par le désir profond de voir les conditions d’une prospérité partagée réunies pour le bien de l’ensemble de la communauté internationale». A cet égard, le chef de l’Etat estime que «le constat unanime qui s’impose, aujourd’hui, est que la réponse à la gravité de cette crise systémique ne saurait se satisfaire de réformes conjoncturelles». C’est la raison pour laquelle il appelle à une rupture avec «les approches partielles et superficielles suivies jusque-là et qui sont totalement en déphasage avec les réalités du monde, parce que décidées dans des cercles restreints insuffisamment représentatifs des intérêts de l’ensemble de la communauté internationale».
Evoquant la marginalisation qui touche les pays du Sud et leur exclusion des sphères où sont prises les décisions qui commandent la conduite de la politique économique mondiale, le président de la République a affirmé que ces comportements «ne peuvent raisonnablement continuer». «Dans un contexte mondial marqué par la globalisation, la participation de nos pays au processus de réflexion et de reconfiguration des relations économiques internationales est non seulement un droit mais aussi une exigence de bon sens », a-t-il insisté. Cette participation est dictée, explique le chef de l’Etat, par «la nécessité d’une gestion transparente, responsable, efficiente et solidaire de l’interdépendance qui permettrait d’assurer à tous les bienfaits de la croissance et de la prospérité ». «Le nouvel ordre international que nous revendiquons est celui qui sera basé sur le respect scrupuleux des obligations qui incombent à tout un chacun en vertu de la Charte des Nations-Unies, en particulier notre engagement à vivre en paix et en sécurité les uns avec les autres dans un esprit de tolérance et de bon voisinage», a-t-il fait remarquer.
Dans cette même optique, le président de la République a appelé à «mettre un terme au désordre économique mondial et à la récession qui s’opposent à nos ambitions tant individuelles que collectives de développement et de progrès». Le chef de l’Etat estime, ainsi, que de «tels choix auraient des effets bénéfiques pour tous les pays, en ce sens que leur seront évitées les crispations et les surenchères de toutes sortes, ainsi que les penchants protectionnistes, préjudiciables à notre quête commune d’un monde juste, prospère et solidaire».
K. Issam
Les parlementaires algériens, dans leur écrasante majorité, ont voté oui ce mercredi au projet du président de la République portant sur la révision de la constitution. Abdelaziz Bouteflika pourra donc briguer un troisième mandat. Cette décision jette un sérieux discrédit sur la chambre et l’idée même de démocratie en Algérie.
Le projet portant amendement de la Constitution est passé, mercredi, comme une lettre à la poste. Les deux chambres réunies, Parlement et Sénat, ont voté dans leur écrasante majorité le projet du président de la République qui est de nature à lui permettre de briguer un troisième mandat. Sur les 529 parlementaires, 500 ont voté « oui », 21 « non » et 8 se sont abstenus lors de la session qui s’est déroulée au Palais des nations à Alger.
Les partis de l’Alliance présidentielle, à savoir le FLN, le MSP et le RND ont été les premiers à applaudir un projet qui arrange leurs affaires et répond à leurs ambitions politiques. Ces formations qui gravitent autour des hautes sphères du pouvoir ont unanimement soutenu le maintien au pouvoir de Bouteflika. Hormis les députés du parti du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) qui ont rejeté le projet de réforme constitutionnelle proposé par le président en exercice, le reste de l’hémicycle s’y est presque unanimement rallié. Cela qui jette un sérieux discrédit sur les représentants du peuple qui ne ne semblent pas partager les soucis de la base qui les a propulsés au summum de leurs ambitions politiques.
Une classe politique coupée de la base
D’ailleurs, les parlementaires ont adopté le règlement intérieur de la plénière et ont assisté à une présentation du projet de révision avant de prêter attention aux voix qui en font l’apologie de l’Exécutif. « Le patriotisme et le sens de la responsabilité des représentants du peuple » ont été salués par le président Bouteflika dans un message adressé aux parlementaires. Le coup d’envoi est donc donné à la course aux présidentielles. Une course pour laquelle l’on ne connaît pas encore les différents hommes sur lesquels la confiance du peuple pourra être placée.
Car, il ne faut pas se voiler la face, la lâcheté et les calculs malsains priment et rongent la classe politique en Algérie où aucune lueur d’espoir quant à l’instauration de la vraie démocratie ne pointe, pour l’heure, à l’horizon. Un horizon qui s’obscurcit encore davantage avec la crise sociale touchant de larges pans de la société. Les voix qui dénoncent le piétinement du système républicain en Algérie s’étouffent et peinent à trouver des tribunes d’expression dans un système devenu liberticide.